L'après

« Où que j’aille, tu seras avec moi. »

Quelques semaines après le décès d’Aedan, j’ai ressenti le besoin de me faire tatouer en sa mémoire. Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps sur ce qui serait représenté à jamais sur ma peau : ça ne pouvait être qu’une flamme. Je n’ai jamais aimé faire comme les autres : tatouer son prénom me semblait trop commun et trop “facile à deviner”. Ce tatouage, seule moi saurais ce qu’il représente, les inconnus ne pourraient pas deviner.

Symboliquement, ce tatouage voulait dire beaucoup. Il signifiait qu’Aedan serait toujours avec moi, sur ma peau. C’était aussi un moyen de me rappeler que le drame de ma vie était bien réel, moi qui avais tellement peur de l’oublier, me demandant parfois si tout cela n’avait pas seulement été qu’un cauchemar. Là, plus de doute, il y aurait une trace indélébile. Tout comme la douleur, elle ne s’en irait jamais. Et surtout, c’était ma lumière. Pour toujours me rappeler que, même dans les pires moments, il me guiderait. Le phare dans la tempête, la lumière au bout du tunnel, l’espoir même lorsque je n’y crois plus. La puissance de la vie, tout simplement.

Avec une amie, je suis donc allée dans le salon de tatouage de ma ville. Après avoir discuté avec un des tatoueurs, celui-ci me proposa un dessin représentant un A enflammé mais ça ne me convenait pas vraiment. Ce n’était pas mon style et ça ne représentait pas, à mes yeux, la beauté de l’amour que je portais à Aedan. Mon amie et moi avons donc cherché LA flamme, celle qui me prendrait aux tripes et où je dirais “C’est ça que je veux”. Et nous l’avons trouvée. Mon amie m’a montré le dessin et j’ai immédiatement eu un coup de cœur. Cette flamme était magnifique. Nous sommes donc retournées au salon de tatouage pour montrer le modèle et prendre un rendez-vous.

J’avais hâte d’arriver au 4 juillet et, en même temps, j’appréhendais un peu la douleur car le poignet est une zone sensible. Tout le long de la séance, je repensai à Aedan et à notre courte vie ensemble : ses mouvements dans mon ventre, la douceur de sa peau, nos câlins apaisants. La douleur de sa perte rendait la douleur de l’aiguille dérisoire et penser à lui me faisait, malgré tout, énormément de bien.

Désormais, ce tatouage me permet également de raconter notre histoire. Il interpelle beaucoup du fait d’être en couleur. Adultes et enfants me demandent donc souvent s’il s’agit bien d’un vrai et me disent ensuite qu’il est très joli. Certaines personnes osent me demander ce qu’il représente et je leur explique, avec le sourire d’une mère qui parle avec bonheur de son enfant. Car oui, c’est un bonheur de pouvoir dire son prénom, de raconter son histoire et de lever le tabou sur la mort d’un enfant.

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