Ces mots que tu ne liras jamais...

Ton deuxième anniversaire.

8 mai 2020.

Aedan,

Malgré le contexte actuel, je tenais à aller au cimetière pour ton deuxième anniversaire.
Comme je suis une mère à part entière, j’ai décidé de célébrer ce jour auprès de toi. Pour cette raison, j’y suis donc allée, le plus naturellement du monde, avec une pâtisserie et deux bougies. J’ai hésité à les allumer mais, le vœu de te revoir ne pouvant se réaliser, j’ai fait le choix de les laisser éteintes.
J’aurais, bien évidemment, préféré que tu puisses souffler tes bougies toi-même, entouré de toute notre belle famille qui te porte tant d’amour. Mais je suis sûre que, d’où tu étais, tu appréciais me voir déguster un gâteau en ton honneur, te racontant certaines choses importantes et d’autres plus futiles.
Tu devais sûrement rire en me voyant lutter contre ce Paris-Brest immangeable de manière décente.

Deux personnes sont passées devant moi lorsque je plaçais tes bougies dessus. Je ne sais pas si elles m’ont vue mais, si c’est le cas, elles ont sûrement pensé que j’étais quelque peu étrange. Des bougies sur une pâtisserie devant la stèle du jardin des souvenirs…
Et pourtant, ce moment fut celui qui me rappela que j’étais une maman. Une vraie maman. Et que le fait de ne pas t’avoir auprès de moi physiquement ne m’enlevait rien de ce titre prestigieux.

Comme toutes les mères, je suis imparfaite. J’ai fait des erreurs à multiples reprises, tant pendant la grossesse qu’après ton décès. Sûrement quelques unes aussi pendant ta courte vie, je ne sais pas. Et, même si je ne suis pas fière de ces erreurs, je prends celles-ci comme une preuve de ma maternité. J’ai fait de mon mieux avec les ressources que j’avais. Aucune mère n’est parfaite et c’est parfait comme ça.
Malgré ces erreurs, je suis fière de beaucoup de choses accomplies en tant que maman : j’ai survécu, je continue à te faire vivre, notamment en racontant notre histoire, et je fais le choix, chaque année, de remettre de la vie sur la pire date de notre histoire. C’est ma plus belle façon de t’honorer.

De plus, comme toutes les mères, j’ai eu un bébé parfait. Sauf que dans mon cas, c’est vrai.
J’en plaisante car chaque mère dit ça mais a, pourtant, déjà dû râler après son enfant, ce qui n’est, malheureusement, pas mon cas. J’aurais aimé me plaindre parce que tu ne faisais pas tes nuits ou parce que tu transgressais les règles. Mais la réalité est là : tu n’as jamais eu l’occasion de faire la moindre bêtise ou de me décevoir. Je ne peux qu’être fière d’avoir eu un bébé si parfait.
Je préférerais que tu sois près de moi avec toutes tes imperfections mais la vie en a décidé autrement. Malgré la douleur que provoque cette dure réalité, je trouve que ça rend la chose encore plus belle : tu as été parfait jusqu’au bout. Et tu le seras toujours.

Enfin, je voulais te dire que beaucoup de mes journées sont belles. Très belles. Et ça, c’est grâce à toi car j’ai compris la beauté de la vie et, surtout, sa fragilité.
Je vais bien. Je n’ai pas honte de le dire, ça ne fait pas de moi une mauvaise mère. Je vais bien, tant que rien ne vient réveiller la douleur.
Il suffit parfois d’une photo, un souvenir, une musique, un mot pour que la cicatrice redevienne plaie.

Tu me manques. Chaque jour. Que mon quotidien soit beau ou pas, il manque toujours ta présence auprès de moi. Et pourtant, grâce à toi, j’avance et je prends plaisir à vivre. Pour nous deux, comme je te l’ai promis.

Je me battrai toujours. Pour te faire vivre. Pour être reconnue en tant que maman. Pour être libre de venir te voir quand j’en ai envie. Et c’est non négociable.

Je te souhaite un très joyeux anniversaire.

Je t’aime mon éternel bébé,
Ta maman.

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