Le compte-rendu d’hospitalisation.
18 février 2019.
Exactement neuf mois après le décès d’Aedan, je reçois son compte-rendu d’hospitalisation.
A la fin, on peut y lire que je n’ai pas adhéré à la décision d’arrêter les soins, ce qui est parfaitement faux. Ecrire ça, c’est nier la décision la plus difficile à prendre en tant que mère ainsi que la souffrance qu’implique cette décision.
Le 15 mai 2018, il s’est agi de faire passer mon fils avant moi-même, son bien-être et l’arrêt de sa souffrance avant ma peine et la douleur insurmontable. Et le 18 mai, il n’est pas décédé car son état se dégradait mais parce que nous avons arrêté les machines qui le maintenaient en vie.
Recevoir, aujourd’hui, un courrier niant tout cela par la force de quelques mots a anéanti neuf mois de travail. Car oui, déculpabiliser est un travail et faire son deuil également. Un travail de chaque jour avec des hauts et des bas.
L’accompagnement en fin de vie d’un enfant, de son enfant, pendant trois jours est également un travail et pas des moindres : demander à la famille et aux amis s’ils souhaitent venir le voir en urgence avant l’arrêt des soins, appeler les pompes funèbres et leur dire “Mon fils va décéder demain”, culpabiliser de le quitter un seul instant de peur qu’il meure seul dans son incubateur et décider de l’avoir dans ses bras lorsqu’il rendra son dernier souffle. Tout cela n’est pas évident en tant que jeune mère et rien ne nous y prépare jamais.
Alors non, je n’étais pas contre la décision des médecins et non, il n’était pas par hasard dans mes bras au moment de son décès.
Les mots, même lorsqu’ils paraissent insignifiants, peuvent avoir une résonance particulière et détruire quelqu’un…