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Le voyage comme thérapie.
Environ un mois après le décès d’Aedan, le besoin de partir s’est fait sentir. Rester constamment dans l’appartement où il aurait dû vivre devenait de plus en plus insupportable. Par un heureux hasard, je disposais depuis quelques mois d’un réseau de personnes proposant de la garde de maisons et/ou d’animaux. Me vint alors une idée : “Et si je publiais une annonce me présentant et proposant mes services ?” C’est donc ce que je fis, espérant pouvoir partir le plus longtemps possible, mon congé maternité me laissant beaucoup de temps devant moi. J’eus rapidement quelques réponses. Plusieurs destinations s’offraient à moi : la Basse-Normandie et les alentours de Nantes. Finalement,…
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« Où que j’aille, tu seras avec moi. »
Quelques semaines après le décès d’Aedan, j’ai ressenti le besoin de me faire tatouer en sa mémoire. Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps sur ce qui serait représenté à jamais sur ma peau : ça ne pouvait être qu’une flamme. Je n’ai jamais aimé faire comme les autres : tatouer son prénom me semblait trop commun et trop “facile à deviner”. Ce tatouage, seule moi saurais ce qu’il représente, les inconnus ne pourraient pas deviner. Symboliquement, ce tatouage voulait dire beaucoup. Il signifiait qu’Aedan serait toujours avec moi, sur ma peau. C’était aussi un moyen de me rappeler que le drame de ma vie était bien réel, moi qui…
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Cache-cache.
Les mères jouent avec leur enfant. Cacher sa tête avec ses mains et rouvrir celles-ci comme on ouvre un volet, un jeu courant pour quiconque a un tout-petit près de lui. Nous aussi, on joue. Avec Aedan, nous avons notre jeu favori : je lui demande un signe et il me l’envoie. Le cache-cache des temps modernes. Je dois trouver un animal, une musique ou toute autre chose. Pas de compétition entre nous, il s’agit d’un jeu de coopération. Il envoie, je reçois. Une complicité invisible de tous mais qui envahit mon coeur à chaque fois. Et qui fait couler les larmes à torrent, à chaque fois également. Et de l’amour, un tas…
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Le compte-rendu d’hospitalisation.
18 février 2019. Exactement neuf mois après le décès d’Aedan, je reçois son compte-rendu d’hospitalisation.A la fin, on peut y lire que je n’ai pas adhéré à la décision d’arrêter les soins, ce qui est parfaitement faux. Ecrire ça, c’est nier la décision la plus difficile à prendre en tant que mère ainsi que la souffrance qu’implique cette décision.Le 15 mai 2018, il s’est agi de faire passer mon fils avant moi-même, son bien-être et l’arrêt de sa souffrance avant ma peine et la douleur insurmontable. Et le 18 mai, il n’est pas décédé car son état se dégradait mais parce que nous avons arrêté les machines qui le maintenaient…